Guitare mania - le blog du guitariste

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Choisir un ampli

Avant de parler de l'utilisation des amplis à lampes, il faut dire deux mots de l'achat, et donc du choix de l'ampli.
Il faut toujours garder en tête que les amplis à lampes sont aujourd'hui plutôt des hauts de gamme, et que le débat est donc faussé au départ. Si Mesa ou Rivera se mettait dans la tête de fabriquer des amplis à transistors, il y a de fortes chances pour que ces amplis sonnent aussi bien que leurs productions à lampes: pour faire un parallèle, en compétition automobile, personne n'aurait parié un centime sur un moteur diesel il y a dix ans. Aujourd'hui, un diesel peut gagner le Mans...
Comme pour tout dans la vie, on n'effectue pas ce genre d'achat avant d'avoir cerné son besoin. Dans les questions à se poser:
• Quel musique joue-t-on ?
• Dans quels endroits l'ampli va-t-il être utilisé ?
• L'ampli sera-t-il repiqué via une sono ?
• Quel budget est-on prêt à investir ?
Dans les questions à ne pas se poser:
• Qui joue sur telle marque d'ampli ?
• Que pensent les conseilleurs bien intentionnés sur les forums du web ?
• Que vend le magasin d'à côté ?
• Que trouve-t-on sur eBay ou chez Easy-Cash ?


Si les premières questions (les bonnes) semblent tomber sous le sens, l'expérience montre que la plupart des achats sont malheureusement réalisés en fonction des deuxièmes (les mauvaises). Pourquoi sont-ce de mauvaises questions ?


Les pros disposent de moyens colossaux et sont assistés d'une armée de sons et de guitar-techs, quand ils n'ont pas les custom-shops des constructeurs qui oeuvrent directement pour eux. Acheter telle marque d'ampli parce bidule joue dessus en espérant avoir le même son, c'est aussi stupide qu'acheter une voiture de série parce que le proto qui porte le même nom a gagné le Paris-Dakar...


Les forums peuvent éviter de faire de mauvais achats, lorsque l'on a une idée en tête et que l'on souhaite connaitre les inconvénients d'un modèle. Mais les points de vue personnels des uns et des autres ne peuvent rien faire là où un seul critère doit prévaloir: l'essai en conditions réelles de plusieurs amplis avec sa propre guitare.


Un ampli correct vaut plusieurs centaines d'euros, il est donc idiot de se cantonner à ce que l'on a près de chez soi pour effectuer des essais. Même si on habite au milieu de nulle part, il est toujours préférable de faire un saut "à la préfecture" où on pourra essayer plusieurs modèles et marques dans plusieurs magasins. Pour les mêmes raisons, on n'achète pas, à moins de l'avoir essayé auparavant, de matériel musical par correspondance: c'est un non-sens...
L'essai d'un ampli permet en final de se faire une idée raisonnable du son de l'ampli, ainsi que de la pertinence de ses réglages. Pour l'anecdote, lorsque j'ai acheté mon premier Boogie, j'ai essayé un MarkIII et un Caliber. J'avais des moyens conséquents (c'était dans les années 80...), et le prix n'était pas un problème. Conclusion des essais: d'une part, à puissance égale, le Caliber sonnait beaucoup plus fort que mon Marshall JCM800, et le MarkIII était donc surdimensionné côté puissance. D'autre part, alors que le Caliber permet tous les sons ou presque et sonne bien quelque soit les réglages, le MarkIII est une usine à gaz très délicate à régler. J'ai donc opté pour le .50 Caliber, qui est déjà trop puissant pour jouer à la maison.


Pour la puissance et l'encombrement, il est rigoureusement nécessaire d'avoir en tête les points de repère suivants:
• La qualité du haut-parleur a un impact énorme sur le volume sonore: 3dB de mieux en rendement, et l'ampli sonne deux fois plus fort à puissance égale.
• Pour jouer en direct à côté d'un batteur, 30W lampes sont très suffisants.
• Pour jouer à la maison, il est difficile de dépasser les 10 ou 15W sans gêner tout le monde.
• Pour jouer en appartement, il est difficile de dépasser 5W en soirée sans voir les voisins débarquer.
• Un ampli de 50W est donc souvent surdimensionné, mais il donne un vrai confort par rapport à un 30W si on doit jouer sans sono dans des endroits genre club, ou dans des salles de taille raisonnable (moins de 300 personnes).
• Un ampli de 100W est totalement ridicule si on ne joue pas régulièrement sur de grandes scènes: ces engins ont été conçus dans les années 60, à une époque où les guitares n'étaient en principe pas repiquées en sono, et où les HP avaient des rendements assez faibles. La tendance en 2006 est plutôt au petit combo avec un bon HP, repiqué dans la sono...


Le plus important : un ampli lampes ne commence à respirer qu'au tiers de sa puissance environ. Pour s'en convaincre, relire le passage sur la participation de l'ampli de puissance dans le son d'un ampli lampes. En dessous, on se trouve à peu près dans la situation du conducteur de Ferrari limité à 50 en ville: il roule au mieux en seconde...
Pour fixer les choses, avec un ampli lampes de 20 ou 30W en appartement, le volume ne passera pas 1,5 ou 2 sur 10: le son est sans intérêt, autant rester aux transistors, beaucoup plus faciles à vivre.
Revenons au son. Se faire plaisir (car c'est un vrai plaisir) en jouant avec des lampes suppose beaucoup de contraintes, et le guitariste lui-même est dans la pratique le seul qui saura véritablement sur quoi il joue et qui sentira une différence (à cause des interférences indescriptibles entre l'instrumentiste et son matériel). Côté son, le pourcentage des auditeurs qui saura sentir une différence depuis la salle est totalement epsilonesque. Dans les gens qui feront une différence, il faut de plus décompter ceux qui ne l'auraient pas faite s'ils n'avaient pas aperçu l'ampli sur la scène.
Pour finir, un truc personnel pour l'achat du matériel: le matos professionnel se trouve d'occasion, après quelques années, à peu près au même prix que le matériel grand public neuf. Il est souvent plus efficace, mieux pensé, et d'autres sont passés par là pour essuyer les plâtres alors que les nouveautés plus sexy peuvent révéler bien des défauts à l'usage...


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Allumage et extinction
Et oui, dès l'allumage, il y a une différence avec les transistors: en plus du switch "on/off" que l'on trouve sur tout appareil, les amplis à lampes disposent d'un switch supplémentaire: le stand-by.
Pour faire court: le premier switch "on/off" ne fait qu'une seule chose, enclencher le chauffage des lampes (circuit des filaments). Le deuxième switch (stand-by) contrôle la THT (Très Haute Tension) ainsi que les tensions de polarisation des grilles (les fameux bias). La tradition veut que l'on fasse d'abord chauffer les lampes avant de les mettre sous tension: on laisse donc l'ampli chauffer 30s environ avant de basculer le stand-by.
Mais c'est surtout dans l'autre sens que le stand-by prend son sens: on peut "éteindre" l'ampli sans faire subir un refroidissement inutile aux lampes, et remettre le tout sous tension après la pause sans repasser par la phase de chauffe. Pour l'arrêt complet de l'ampli, on a tendance à suivre la même procédure: mise en stand-by puis coupure complète. En Classe A, cela se comprend facilement: les lampes sont conductrices même au repos, et sont particulièrement chaudes. L'arrêt en deux étapes permet donc un refroidissement plus progressif. En Classe B, où les lampes sont non conductrices au repos, cela a beaucoup moins d'impact.
Le point réellement important est en fait de ne pas déplacer l'ampli tant qu'il n'est pas raisonnablement refroidi. Ca, ça a une incidence réelle sur le vieillissement des lampes: on ne déplace pas un ampli chaud.
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Gérer la puissance...
Le problème le plus courant avec les amplis à lampes, c'est le trop-plein de puissance ! Et oui, lorsqu'on passe de son premier ampli 15W transistors, équipé d'une gamelle 10' made-in-pasher, sensibilité 95 dB, à un 30W lampes avec un HP sérieux à 98dB, on se retrouve avec 4 fois plus de son dans la pièce... Très bien sur scène ou en répèt', mais à la maison, c'est ingérable.
Baisser le master? On se retrouve à chercher le point magique vers 1/10 où on entend quelque chose, mais l'ampli ne peut pas sonner. Il y a deux parades (en dehors du fait de laisser l'ampli en salle de répèt'): la volume-box et la load-box.
La volume-box est une astuce, mais n'est qu'une astuce. Il s'agit bêtement d'ajouter un potentiomètre de volume dans la boucle d'effets, qui va atténuer suffisamment le signal pour que le master puisse être monté vers les zones où on peut tourner le bouton. Cela ne résoud rien en pratique, puisque l'ampli de puissance n'est toujours pas sollicité, mais au moins, on peut jouer. Ce bricolage n'existe pas dans le commerce, mais il est facile à monter soi-même et ne coûte presque rien.
La load-box est de loin préférable. C'est la solution professionnelle, qui consiste à placer entre l'ampli et le HP une charge passive qui va absorber une partie de la puissance. On peut alors doser ce qui va réellement dans le HP. L'ampli peut être poussé autant qu'on veut, et on retrouve bien le vrai son des lampes. Plusieurs marques ont proposé ou proposent des load-boxes: la Scholz Power-Soak, modèle historique qui a lancé le concept, la Marshall Power-Brake, et surtout la THD Hot-Plate (les autres ne se trouvent plus que d'occasion). C'est cher, tout ça, mais c'est bien.
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Brancher des effets
Ca parait anodin, mais là où les effets se chainent sans trop de dégâts avec un ampli à transistors (qui participe finalement peu au son), les effets peuvent devenir un problème avec les lampes. Concrètement, on travaille le son avec l'ampli seul, et on est très content du résultat. On ajoute des effets, et là, ça peut devenir carrément pourri! Les effets numériques en particulier peuvent faire mauvais ménage avec les lampes, sauf à y mettre un budget suffisant.
Le souci ne vient pas des effets en eux mêmes, qui fonctionnent de la même façon dans les deux cas. Mais:
• Les boucles d'effets des amplis à lampes ne sortent pas forcément en basse impédance. En fait, le préampli et l'ampli d'un combo à lampes sont en impédance adaptée (l'impédance de sortie du préampli est égale à l'impédance d'entrée de l'ampli), et le fait d'insérer une pédale rompt cette chaîne
• Le niveau de signal dans la boucle d'un ampli à lampes est souvent très élevé (entre 0 et 10dB) et les pédales ordinaires n'encaissent pas ces tensions. Il faut alors passer au rack de studio...
• Dans un ampli à lampes, contrairement à un montage transistors, l'ampli de puissance travaille en saturation. Et une saturation après un chorus, un phaser ou un delay, ça donne facilement de la purée...
En résumé, beaucoup plus qu'avec un ampli transistors, il faut éviter les pédales, pas conçues pour un son sérieux, et privilégier les effets en rack, soigner encore plus le câblage (éviter les longueurs inutiles), et veiller à disposer de true-bypass sur les effets chaque fois que c'est possible.
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Changer les lampes et régler le bias
Sujet à la fois très simple et très compliqué...
C'est très simple, dans la mesure où si l'on remplace les lampes de son ampli par des lampes de même type (par exemple des 12AX7 par des 12AX7), sans changer de marque (Sovtek, Boogie, Groove, etc...) et sans changer de "grade" (là, on entre dans les caractéristiques individuelles de la lampe et ça devient plus compliqué), changer une lampe d'ampli est aussi simple que changer une ampoule d'éclairage électrique.
On doit cependant distinguer le cas des lampes de préampli et le cas des lampes de puissance.
Pour les lampes de préamplis, aucun état d'âme: il suffit de remplacer les lampes par des lampes de même type (12AX7 en général, 12AT7 parfois). Les différentes marques ont des caractéristiques légèrement différentes (plus ou moins de gain), mais cela importe peu. Pourquoi ? Parce que les lampes de préampli opèrent en Classe A et ne sont jamais couplées par paires. Choisir la marque est purement une question de goût et de budget.
Pour les lampes de puissance, le sujet est un peu plus complexe, mais pas forcément. Il y a deux paramètres à prendre en compte: l'ampli est-il ou non à bias réglable, d'une part, est-il en Classe A ou en Classe B d'autre part.
Si l'ampli est en classe A (les lampes sont alors souvent des EL84),

1) l'appariement des lampes n'est pas rigoureusement nécessaire,

2) le réglage de bias n'est pas critique. Pourquoi ? Parce qu'en Classe A, le signal traité par chaque lampe est en un seul morceau, et la somme de ces signaux sera correcte dans tous les cas de figure. Ce qui peut se passer, c'est que deux lampes trop différentes dans un push-pull Classe A ne s'équilibreront pas en termes de débit (intensité), mais cela n'a pas d'incidence majeure sur le son. L'appariement des lampes est donc souhaitable (ne serait-ce que pour diminuer le bruit), mais pas obligatoire, de même que le réglage de bias n'est plus un sujet critique.
Si l'ampli est en classe AB ou même B, le push-pull doit en revanche être équilibré, et le réglage du bias conditionne l'allure des demi-signaux traités par chaque moitié du push-pull. Il y a alors deux cas de figure:
• Le bias n'est pas réglable mais le constructeur vend des lampes sous sa propre marque (comme Mesa Boogie, par exemple), sélectionnées pour ses amplis: le plus simple est de laisser les choses en l'état. Modifier l'ampli pour le rendre réglable ne servirait qu'à pouvoir monter des lampes d'autres marques, ce qui en soit n'apporte pas grand chose (les lampes Boogie ne sont pas forcément plus chères et sont de bonnes qualité). Qui irait modifier un Boogie à 3000 euros pour monter des lampes chinoises premier prix dessus ? Si l'ampli est d'une marque quelconque et ne dispose pas de réglage de bias, il est en revanche souhaitable de faire réaliser la modif par un spécialiste, puisque l'on ne connait pas a priori les caractéristiques des lampes et que l'on pourra alors monter ce que l'on veut dessus.
• Le bias est réglable, et on peut alors monter ce que l'on veut comme lampes (en respectant toutefois le type!). Il en va des lampes comme des pneus de voiture: il y a du cher et du pas cher, du bon et du pas bon, et ainsi de suite. Inconvénient: il faut régler le bias. C'est une manip assez simple pour quelqu'un qui a un minimum de notions d'électronique (les constructeurs prévoient dans ce cas le montage qui va bien pour que l'on puisse faire ça avec un simple multimètre), mais il faut éviter de s'y lancer sans aucune notion d'électricité. Ne pas oublier qu'un ampli à lampes ouvert, c'est une vraie machine à tuer, du fait des hautes tensions qui y trainent.
Deux mots du fameux "grade" des lampes. Certains fournisseurs de lampes (Groove pour ne pas les citer) classent leurs lampes en fonction de leurs caractéristiques (gain, puissance, etc...). Avantage: on peut remplacer les lampes par des lampes de même grade sans avoir à re-régler le bias (cela revient à la situation des amplis à bias fixes avec des lampes triées en usine). Inconvénient: c'est plus cher, et il faut de toute façon régler le bias lors du premier montage.
Ce sont là des règles générales: il va de soit que les grands pros, qui, encore une fois, disposent de moyens et ont une oreille plus exigeante que le commun des mortels, font le plus souvent modifier leurs amplis et y montent les lampes de leur choix. Mais pour un amateur qui, accessoirement, peut être amené à revendre son ampli un jour et devra donc souvent le présenter en état standard, ces manips ont peu d'intérêt.
J'allais oublier le sujet idiot "au bout de combien de temps...". La réponse est "un certain temps". Cela dépend des lampes, de l'ampli, de l'usage qui en est fait, et ainsi de suite. J'ai changé les lampes d'origine de mon Boogie au bout de 18 ans, dont 14 en usage intensif, et le changement n'a pas révolutionné son comportement... A côté de ça, certains pros changent leurs lampes tous les trois ou quatre concerts. Disons simplement que des lampes trop vieilles mettent l'ampli en danger, et que le son se dégrade au cours du temps. Avec ça, chacun trouvera son compte !
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Les erreurs à ne pas commettre
Pour conclure, on peut assez facilement lister les choses à ne pas faire dès que l'on veut jouer avec des lampes. C'est une autre manière de dire que si leur son est généralement apprécié, ils ont aussi leur lot d'inconvénients...
• Acheter un ampli sans l'essayer, ou simplement parce qu'il a "bonne réputation". Ce que l'on entend sur les CD's est le résultat d'un énorme traffic du son, et il est dans la pratique impossible d'égaler ce travail chez soi. D'autre part, ce que l'on prend souvent pour un son lampes est souvent réalisé avec des simulateurs analogiques (cas de "Surfin' with the Alien") ou même numériques aujourd'hui.
• Acheter un ampli à lampes pour un home studio: le repiquage micro mettra immanquablement par terre le superbe sn que vous pourrez avoir en écoute directe.
• Acheter un ampli trop puissant. Eviter les trois corps 100W des années 60, c'est totalement dépassé. Un ampli à lampes, c'est lourd, à cause des transfos, alors pensez à votre colonne vertébrale !
• Gâcher le son des lampes avec des effets de qualité moyenne et surtout un câblage désastreux.
• Bidouiller à l'intérieur de l'ampli sans les précautions d'usage: mêmes les techniciens qualifiés n'aiment pas triturer ces trucs réellement mortellement dangereux.
• Déplacer un ampli chaud, ou ne pas attendre suffisamment après extinction pour le bouger.
• Continuer à jouer avec des lampes de puissance trop vieilles. Une lampe de pré-ampli qui lâche, ça a peu d'incidence, mais une lampe de puissance défectueuse, et c'est le transfo de sortie qui claque!
• Mettre sous tension un ampli sans que le baffle soit connecté. Là aussi, claquage du transfo de sortie assuré...

C'est vous qui avez les cartes en main...



25/05/2016
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